Compte rendu du débat d’idées organisé le 9 juin 2018 à ICU (International Christian University), en partenariat avec l’Ambassade de France et l’Institut Français.
Débat d’idées soutenu par
Français du Monde – adfe Tokyo
Les panélistes étaient:
- Junko TAKAGI, présidente de la Chaire de Leadership et de Diversité de l’école de commerce française ESSEC
- Catherine TRIPON, porte-parole de l’Association LGBT l’Autre Cercle et directrice à la Fondation Agir Contre l’Exclusion (FACE)
- Hiroko MASUHARA, PDG de l’entreprise de conseil en diversité Trois Couleurs
- Ken SUZUKI, professeur de droit à l’Université Meiji et professeur émérite à l’Université de Hokkaido.
Le modérateur:
- Olivier AMMOUR-MAYEUR, directeur adjoint du Centre des études de Genre (ICU), et Vice-Président de FdM – Tokyo
Le débat, avec interprétation simultanée, a été ouvert par le Professeur Junko HIBYA, Présidente de l’Université ICU, et spécialiste de linguistique française, et il a été clôt par Son Excellence M. Laurent PIC, Ambassadeur de France au Japon.
Le Japon est assez en retard sur les questions de droits LGBTQ, ce qui pose problème, par exemple, pour les couples mixtes de même sexe mariés.
Lorsque l’un des partenaires est japonais, le mariage n’est pas reconnu par l’administration japonaise. Alors que deux étrangers mariés et vivants au Japon sont reconnus être mariés, au même titre que les couples hétérosexuels.
Cependant, le débat, cette fois-ci, s’est centré sur la question de l’intégration des personnes LGBTQ sur les campus japonais.
La question était principalement de discuter des moyens nécessaires, et efficaces afin d’éradiquer le harcèlement (moral, physique et sexuel). Qu’il s’agisse d’un harcèlement provenant d’autres étudiants, ou des employés de l’université (professeurs ou personnel administratif).
En 2015, en effet, l’Université Hitotsubashi s’est trouvée aux prises d’un scandale, en raison du suicide d’un de ses étudiants, « outé » par un camarade de classe.
Malgré les nombreuses tentatives engagées par la famille de la victime, l’Université n’a jamais voulu reconnaître ses torts dans l’affaire. Notamment en ce qui concerne les appels à l’aide répétés de la victime pour que l’administration la protège contre ses agresseurs.
Le débat du 9 juin a été riche et nourri. Les questions nombreuses.
La présence de plus de 80 personnes venues de tout le Japon (Hokkaido, Fukuoka, Hiroshima, en plus des personnes venues des alentours de Tokyo) montre à quel point ces débats et ces sujets sont importants et en prise directe avec une réalité très sensible, mais malheureusement souvent passée sous silence.
ICU étant située dans la banlieue de Tokyo, il est très rare qu’un événement attire autant de monde sur son campus.
Beaucoup sont venus en espérant trouver des réponses à plusieurs cas dont leur Université a été témoin dans les années passées.
Cependant, il est évident qu’un débat de 3 heures n’est jamais suffisant pour couvrir tous les aspects très complexes de ces problématiques, encore peu explorées au Japon.
Pour ceux qui s’interrogent sur le fait que le débat se soit tenu dans une université chrétienne, il reste à préciser que ICU est connue en Asie pour être en pointe au Japon sur les questions LGBTQ depuis plus de 10 ans, grâce au CGS (Center for Gender Studies).
Toutes les universités japonaises prennent le CGS comme un exemple à suivre sur ces questions. Et, bien qu’étant un centre de recherches, le Centre est sollicité en permanence pour tous les aspects pratiques et logistiques que tentent de mettre en place les universités du pays.